Le trouble du spectre de l’autisme

Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est de plus en plus médiatisé, mais reste tout de même nébuleux, ce qui peut rendre la situation inquiétante pour les parents. Il faut comprendre que cette pathologie neurodéveloppementale se caractérise par des manifestations multiples et variables, faisant en sorte que le spectre de ce trouble est très vaste et que les tableaux cliniques sont complexes et différents. Il en est de même avec le fonctionnement intellectuel de cette population, qui s’étend de la déficience intellectuelle à la précocité intellectuelle. La prévalence de ce trouble est en constante augmentation et est actuellement estimée à un pourcent de la population. Par contre, la cause est encore inconnue et serait davantage un ensemble hétérogène de facteurs (génétique, immunologique, neurologique, métabolique, environnemental) qui l’expliquerait. De plus, les études en neuroanatomie démontrent que le cerveau des personnes ayant un TSA peut être différent à certains égards, mais cela ne permet pas non plus d’expliquer complètement la pathologie. Le TSA peut également être associé avec d’autres comorbidités, notamment un trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH), un trouble anxieux ou un trouble du sommeil.

Un diagnostic précoce est de mise pour assurer le développement de la personne et pour lui permettre d’obtenir des services en lien avec ses besoins. Selon le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), utilisé par les professionnels, le TSA se définit par une altération persistante de deux sphères du développement, soit les habiletés de communication sociale, ainsi que le caractère restreint, stéréotypé et répétitif des intérêts, des activités et/ou des comportements. Les symptômes doivent se manifester à la petite enfance et limiter de façon significative le fonctionnement quotidien de la personne.

 

DÉFICITS PERSISTANTS DANS LA COMMUNICATION SOCIALE

 

* Les trois critères doivent être rencontrés

1. Déficits dans la réciprocité socioémotionnellea. Approche sociale anormale

 

b. Difficulté à initier et à répondre à une interaction sociale, ainsi qu’à maintenir une conversation bidirectionnelle (exemple : offrir de l’information, interroger son interlocuteur sur ses expériences, …)

c. Pauvre démonstration et interprétation des affects (théorie de l’esprit déficiente)

2. Déficits dans les comportements de communication non verbalea. Pauvre intégration des comportements verbaux et non verbaux

 

b. Contact visuel pauvrement modulé pour soutenir la communication, faible compréhension et utilisation des gestes, expressions faciales limitées (absence d’attention conjointe)

3. Déficits à développer, à maintenir et à comprendre les relations socialesa. Difficulté à ajuster son comportement selon le contexte et son interlocuteur

 

b. Difficulté à partager avec les autres et à jouer de façon imaginaire (jeu symbolique)

 

CARACTÈRE RESTREINT, STÉRÉOTYPÉ ET RÉPÉTITIF DES INTÉRÊTS, DES ACTIVITÉS ET/OU DES COMPORTEMENTS

 

* Au moins deux critères doivent être rencontrés

1. Mouvements moteurs stéréotypés ou répétitifs, utilisation répétitive des objets, langage stéréotypéExemple : «flapping», regards latéraux, alignement des objets, écholalie
2. Adhérence à une routine non-fonctionnelle, comportements verbaux et non-verbaux ritualisésExemple : détresse ou crises lors de petits changements, difficulté avec les transitions, rigidité, rituels
3. Intérêts hautement restreints qui sont anormaux en intensité et/ou en focusExemple : ces intérêts sont rarement partagés avec les pairs
4. Hyper- ou hyporéactivité à des stimuli sensoriels ou intérêt inhabituel aux aspects sensoriels de l’environnementExemple : insensibilité à la douleur, aux températures extrêmes, réactions fortes aux sons ou aux textures, fascination pour les lumières ou les objets qui tournent

 

(traduction libre)

L’évaluation diagnostique se déroule généralement avec une équipe multidisciplinaire (psychologie, orthophonie, ergothérapie et autres) avec la passation d’une entrevue développementale avec les parents (ADI-R) et d’une situation d’entrevue et d’observation avec le jeune (ADOS). Suite à cette procédure, des évaluations complémentaires ou une communication avec les éducateurs ou les enseignants peuvent être demandées afin de clarifier le profil de l’enfant et de procéder à un diagnostic différentiel judicieux. Lorsque le diagnostic de TSA est posé chez un enfant ou un adolescent, plusieurs recommandations peuvent être émises, dont les services du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement (CRDITED). Le centre de réadaptation offre notamment des services d’intervention comportementale intensive (ICI) aux enfants d’âge préscolaire dans le but d’enseigner des comportements acceptables à ces jeunes tout en réduisant l’émission de conduites inappropriées. De même, des services d’accompagnement ou des adaptations de l’environnement peuvent être proposés au milieu scolaire afin de faciliter l’intégration, les apprentissages et les habiletés sociales de ces jeunes.